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Jaquelyne Ledent-Vilain 1945 – 2024

C’est avec beaucoup d’émotion que nous rendons aujourd’hui hommage à Jaquelyne Ledent-Vilain, une figure de l’industrie musicale européenne qui a contribué à faire du Montreux Jazz Festival un havre de paix pour les artistes.

Née le 17 février 1945, Jaquelyne enseignait le français avant de travailler pour Claude Nobs dès 1974. Passionnée de littérature, elle découvre à l’âge de trente ans un tout autre monde: le music business. De son propre aveu, elle n’y connaît rien et se donne six mois pour voir si ça lui plait. « J’ai alors commencé à faire mes devoirs: chaque week-end, je ramenais des piles de vinyles et la revue Billboard que je lisais comme la Bible »Elle développe avec Claude une relation de confiance et d’amitié complémentaire, elle la rigoureuse, lui l’artiste. À ses côtés, elle travaille pendant plus de trente ans pour la maison de disques Warner Elektra Atlantic (WEA), voyageant dans le monde entier avec les artistes.

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Jaquelyne et Herbie Hancock en 2016, par Mehdi Benkler

Chaque été au Montreux Jazz Festival, Jaquelyne s’occupe des backstages où elle retrouve des amis de longue date et se réjouit de rencontrer les nouvelles générations. Quand elle se présente aux artistes, elle leur dit tout simplement « I am the backstage girl ». Jeunes talents ou stars planétaires, tous découvrent rapidement que Jaquelyne est bien plus que cela. Le temps de leur séjour, elle est à la fois une protectrice, une alliée de confiance, une coordinatrice intransigeante et une conteuse d’histoires formidable. Les rockeurs les plus farouches la surnomment « maman », Prince la salue d’un sourire malicieux et d’une révérence. Des anecdotes, elle en a à foison, sur AC/DC, Mariah Carey ou Nina Simone. 

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Jaquelyne et son fameux carnet de notes en 2015, par Lionel Flusin

Jaquelyne, c’était également ses fameux carnets de notes lignés, format A4, qui ne la quittaient jamais. Elle y consignait tout, une page par jour, une couleur par salle. « Au début, tout le monde rigolait. Même Claude. Il trouvait pourtant bien pratique que je lui donne l’info dont il avait besoin quand il me croisait.» À chaque fin de concert, Jaquelyne posait son carnet de notes et regroupait toutes les personnes présentes en backstage pour applaudir les sorties de scène. Un geste qui surprenait autant qu’il touchait les artistes, habitués à être acclamés sur scène, rarement en coulisses.

Hier, c’était au tour de Jaquelyne d’effectuer sa sortie de scène. Nous invitons tout un chacun – proches, anciens collègues, staffs, managers et artistes – à nous rassembler pour applaudir, à notre tour, cette grande dame qui « aimait simplement les gens ».

Farewell, Jaquelyne.